Archives de Tag: Authenticité

Fernando Pessoa – Le Livre de l’intranquillité

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    Subitement, comme si quelque destin magicien venait de m’opérer d’une cécité ancienne avec des résultats immédiats, je lève la tête, de mon existence anonyme, vers la claire connaissance de la façon dont j’existe. Et je vois que tout ce que j’ai fait, pensé ou été, n’est qu’une sorte de leurre et de folie. Je suis effaré de tout ce que j’ai réussi à ne pas voir. Je suis dérouté par tout ce que j’ai été et qu’en fait, je le vois bien, je ne suis pas.

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    Tout ce que j’ai fait, pensé ou été, n’est qu’une somme de soumissions, ou bien à un être factice que j’ai cru être moi, parce que j’agissais en partant de lui vers le dehors, ou bien au poids de circonstances que je crus être l’air même que je respirais. Je suis, en cet instant de claire vision, un être soudain solitaire, qui se découvre exilé là où il s’était toujours cru citoyen. Jusqu’au plus intime de ce que j’ai pensé, je n’ai pas été moi.

   Il me vient alors une terreur sarcastique de la vie, un désarroi qui dépasse les limites de mon individualité consciente. Je sais que je n’ai été qu’erreur et égarement, que je n’ai pas vécu, que je n’ai existé que dans la mesure où j’ai empli le temps avec de la conscience, de la pensée.

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Fernando Pessoa – Le Livre de l’intranquillité

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Source

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Jean Bouchard D’Orval – Au cœur de l’instant

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La cause de la souffrance

c’est de s’appesantir sur ce qu’on n’est pas:

le petit soi-même et sa petite histoire,

l’image de soi-même.

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Ce pour quoi on se prend n’est qu’une image!

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Quel est-il le personnage que nous nous sommes fabriqués?

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Nous ne sommes jamais allés y voir de près.

Si nous le faisions,

nous verrions qu’il n’y est pas,

qu’il est nulle part,

exactement comme un mirage.

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C’est du vent,

moins que de la fumée!

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Nous souffrons de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas,

de nous prendre pour quelque chose d’irréel,

qui n’a jamais vraiment existé, sauf dans nos images.

La réalité n’est pas souffrante!

C’est la prétention qui fait souffrir.

C’est cela qu’il faut voir.

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Jean Bouchard D’Orval  – Au cœur de l’instant

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Ma Anandamoyi – L’Unique

      Toutes choses sont identiques en essence, et l’univers est la manifestation de l’unique Cause ultime. Celui qui n’a pas vu les Himâlayas les imagine comme une seule montagne, mais quand il s’en approche, il voit que ces immenses chaînes comprennent des centaines de montagnes, qui s’étendent sur de longues distances, avec des milliers de hauts sommets neigeux, et des arbres, des fleuves, des sources. Il en est de même dans le domaine spirituel: lorsqu’on approche la Vérité, la Lumière et qu’on plonge profondément dans les mystères, on réalise l’Un dans le Multiple, ou le Multiple dans l’Un. En réalité, nous nous mouvons avec l’Un, mais ce qui est curieux, c’est que nous nous égarons souvent dans le Multiple.

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  Nous marchons pas à pas; nous satisfaisons notre appétit en prenant une à une des bouchées de nourriture ; l’alphabet construit les mots lettre par lettre; et les jours se succèdent pour former des mois et des années.

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      Vous dites souvent: « Il n’y a qu’un Dieu, qui n’a pas de second. » Et c’est la vérité. Dans ce monde, rien n’existe que l’Unique. Notre monde résulte d’expériences élémentaires obtenues par les cinq organes sensoriels, mais provenant toutes de l’Un et se fondant toutes finalement en cet Un; leur importance est proportionnelle à la mesure dans laquelle elles expriment l’Essence unique. Gardez ce seul but devant vous, et essayez de concentrer votre esprit sur l’une quelconque des expériences élémentaires (forme, saveur, etc.) qui émanent de l’Unique; vous vous apercevrez bientôt que dans l’Un sont incluses toutes choses. Alors vous réaliserez l’unité dans la diversité et la diversité dans l’unité; vous trouverez que dans le monde il n’y a rien d’autre que cet Un.

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Ma Anandamoyi  – Aux sources de la joie 

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Ta peine prépare à la joie – Jâlal Od-Din Rûmî

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Elle évacue violemment

toute chose de ta maison

afin que la nouvelle joie puisse trouver

de la place pour entrer.

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Elle secoue

les feuilles jaunes de la branche de ton cœur

afin que les feuilles vertes et fraîche

puissent pousser à leur place. 

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Elle tire

les racines pourries

afin que les racines cachées dessous

aient la place de pousser.

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Quelle que soit la peine qui agite ton cœur,

de bien meilleures choses prendront sa place.

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Jâlal Od-Din Rûmî

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Shabkar

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La simplicité spontanément lumineuse : c’est cela même !

Comment pouvez-vous dire que vous ne voyez pas

Votre esprit comme étant le Bouddha ?

Il n’y a rien là à cultiver ;

A quoi bon gémir :

« Je ne me suis pas entraîné »

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Cet esprit éveillé, clairement manifesté : c’est cela même !

Comment prétendre que votre esprit,

vous ne le trouvez pas ?

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 Cette clarté limpide, ininterrompue : c’est cela même !

Comment prétendre que l’essence de votre esprit,

vous ne la voyez pas.

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Une fois établi en cette nature,

Il n’y a pas la moindre chose à faire.

Comment prétendre, ne pas y parvenir ?

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S’il n’y a plus de dualité entre repos et mouvement

Comment prétendre que vous ne parvenez pas à y demeurer ?

En cet état éveillé, né de lui-même,

Les trois corps de l’Éveil

sont spontanément accomplis sans effort.

Comment prétendre ne pas pouvoir les accomplir par la pratique ?

Il suffit de demeurer dans l’absence, le non-agir,

Comment prétendre ne pas en être capable ?

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Les pensées s’élèvent et se libèrent simultanément,

Comment prétendre que ce remède vous échappe ?

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Cette conscience du moment présent : c’est cela même !

Comment prétendre ne pouvoir la reconnaître ?

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Shabkar

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Vidéo

Satprem – Le courage de dire non

Jacques Salomé – La dictature du bonheur

   Il y a en chacun de nous, je le crois profondément, une aspiration légitime à vouloir être plus heureux, à être mieux dans sa peau, à se sentir plus à l’aise avec soi-même et avec les autres, surtout avec ses proches.

   En ce sens le bonheur peut se comprendre, non comme un état acquis mais comme un ensemble de ressentis positifs, de sensations bonnes, d’émotions pleines à atteindre. Le bonheur peut se concevoir ainsi comme une tentative vers un meilleur accomplissement de soi, comme une recherche, qui sera balisée par différents repères.

    Ce qui me semble correspondre le plus à ma sensibilité, dans ma propre quête du bonheur, c’est la notion d’accord. Accord au sens musical du terme. Un double accord, rarement atteint. Un accord en moi, entre ce que je dis et ce que je pense, entre ce que je fais et ce que je ressens. Un accord qui doit aussi pouvoir cohabiter avec un accord partagé par mon entourage immédiat. Car comment pourrais je me sentir heureux si je sens autour de moi du mal être, du désarroi ou de la souffrance ?

    Les autres ingrédients indispensables à la conquête du bonheur, varient selon les personnes. Pour certains, ce sera la certitude d’être en santé à l’abri de la maladie ou encore de jouir d’une sécurité matérielle et financière au présent et pour l’avenir. Pour d’autres, ce sera la possibilité de posséder une œuvre d’art, d’être le détenteur d’un objet rare ou de terminer un projet, une réalisation. Pour d’autres encore, ce sera peut être d’avoir le sentiment de se sentir aimé et d’être aimé.

    Pour ma part les ressentis qui me rapprochent le plus du bonheur, sont, quand je sens présentes et actives en moi, la capacité de m’étonner et de m’émerveiller, celle de pouvoir vivre l’instant présent sans me laisser parasiter par les situations inachevées du passé ou l’anticipation plus ou moins inquiétante de mon futur. Je crois que le bonheur se vit au présent dans un ressenti intense, dense, lié au plaisir, à la joie et au bien être intérieur.

    Ainsi quand je vois au marché, une religieuse en habit, prendre tout son temps pour choisir, dans un stand tenu par un magrébin, des petites culottes, oui des petites culottes ! Prendre du temps, pour en toucher la texture, la forme et discrètement les présenter devant elle pour en évaluer le tour de taille. Et que je vois le vendeur, lui tendant de nouvelles pièces, détournant pudiquement le regard, pour ne pas la mettre mal à l’aise. Je trouve ce moment merveilleux, il a illuminé toute ma journée.

    Quand j’entends une de mes filles dire à ses enfants : « venez je vous emmène au fond du jardin de votre grand père, on va écouter un concert de silence – mais il y a plein de bruits d’oiseaux, de cigales et même de grillons se défend Jeremy – justement c’est ça aussi le silence, tous ces bruits qu’on entend quand on se tait, les bruits de la vie ardente qu’on n’entend que si on leur prête attention

    Et le dialogue entre ces deux petites filles, qui discutent sur la plage en faisant un château de sable : « Tu sais que la maman de Sylvie est morte ! – Oui je le sais, mais c’est pas possible, moi je sais que c’est pas vrai, parce qu’une maman ne peut pas mourir ! ».
     Cette amie, metteur en scène et comédienne, me disait « le bonheur pour moi, c’est quand je peux donner une forme, un mouvement à la lumière qui est à l’intérieur de moi ».

    La dictature du bonheur, qui sévit aujourd’hui, n’existe que par la combinaison de quatre phénomènes :

• Une pression extraordinaire de la société de consommation (publicités, films, médias), avec une injonction latente « vous devez être heureux, sinon votre vie n’a pas de valeur ou de sens ! ».

• Le syndrome de l’instantanéisme, de l’immédiateté universelle, « vivre tout en même temps, au même instant » (j’embrasse ma femme et du coin de l’œil je console mon fils, tout en pensant à la visite technique obligatoire de ma voiture, qui roule depuis 11 ans et en même temps, et j’entends à la télévision que les inondations du Pakistan ont ravagé les habitations de 4OOO OOO d’habitants et qu’une mère à tué trois de ses bébés !). Tout se mêle dans une sorte de chaos sans point fixe. Alors je dois me raccrocher à ce petit bonheur, qui est d’avoir été épargné, d’avoir survécu à tant de désastres, survenus à autres ! « moi, quand même, j’ai échappé à tout ça. Je peux m’estimer heureux ! »

• Un état latent de frustration intime à l’idée de tout ce que n’avons pas, renforcé par la banalisation de ce que nous avons, considéré comme étant négligeable. Frustrations entretenues par les ressentiments autour de désirs qui s’enflamment, quand nous pensons à ce que certains ont, sans même l’avoir mérité !

• A cela s’ajoute une angoisse latente, qui habite beaucoup de gens. Une angoisse liée à la non confiance dans l’avenir et qui incite à s’engouffrer dans le présent, à la dévorer, à le consommer à toute vitesse, à vouloir n’en rien perdre, ne pas risquer de passer à coté de quelque chose d’important et, en même temps, l’obligation de tout vivre de façon parcellaire, morcelée, sans pouvoir vivre l’instant à pleine vie.

    La dictature du bonheur, qui se répand aujourd’hui dans quasiment toutes les couches sociales, me semble liée à un ensemble d’erreurs éducatives, commises à l’égard des enfants et des jeunes adultes. Au fait qu’ils ont été élevé dans l’ordre du désir ( et non dans celui de leurs besoins). Tout, tout de suite, sans contre partie.

    Cela se traduit par la nécessité, plus ou moins impérieuse de capter, d’étreindre à la fois l’être et l’avoir, de combiner ce que je suis, ce que je sens, ce que je veux, ce que je peux, ce que j’ai et ce qui me manque ! De vouloir « me sentir bien » en expérimentant des rencontres, en tentant de vivre le plus de « choses » possibles. De tenter d’acquérir un certain nombre d’objets ou de biens, non pour répondre à des besoins mais pour alimenter des désirs sans cesse en mutations.

    Il y a, depuis quelques années, l’émergence d’un véritable terrorisme relationnel, fondé sur la toute puissance du désir réclamant satisfaction immédiate. Avec le paradoxe suivant : l’enfermement dans une dépendance (qui ne sera jamais comblée) à des désirs « fabriqués », et la confrontation à des manques, confrontation assortie de beaucoup de frustrations inconscientes par rapport à mes propres besoins relationnels les plus vitaux.

    Les grandes marques automobiles, d’objets ménagers, d’informatiques, les multinationales du loisir, avec une habileté sans cesse renouvelée vont créer, stimuler de nouveaux désirs en apportant des réponses à des désirs qui n’existaient pas.

    La dictature du bonheur se nourrit d’une part, de la projection d’un manque (si je n’ai pas le déodorant « femme active » je ne serais pas perçu comme une femme d’affaire performante ! Si je n’ai pas le brushing et la coloration adaptée à mon teint, je serais moins désirée ! Si je n’ai pas le parfum « cours après moi que je t’attrape » j’aurais peu de chance de rencontrer l’homme ou la femme de ma vie !

    Et d’autre part sur l’idée que ce qui me rendrait heureux, est quelque chose qui serait à l’extérieur de moi, que je dois tenter d’obtenir et non sur quelque chose qui est déjà en moi et que je devrais laisser s’éveiller, cultiver, s’agrandir en moi et partager.

    La dictature du bonheur nous aliène plus que nous ne l’imaginons, car elle nous transforme en citoyens confortablement ou inconfortablement insatisfaits.

 

Source

Jacques Salomé – le Courage d’être Soi – livre audio

Jacques Salomé – Aujourd’hui est le premier jour de ma vie à venir

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  Je tente ici d’inscrire dans une trace l’essentiel de mes ressentis et la compréhension que j’ai de mes choix de vie.
     Le respect de moi, c’est cela qui prime en moi aujourd’hui dans mon vécu d’homme…
     Sortir des co-errances dans lesquelles je me perdais… et perdais l’autre aussi, pour plus de cohérence interne.
     Je ne cherche ni à blesser l’autre, ni à me justifier dans ce que j’éprouve, mais seulement à oser me définir, à oser dire ce que je ressens sans préjuger du ressenti de l’autre, sans m’emparer du sien pour le protéger ou le réparer.
     Je sais, je sens que je vais ainsi vers une inacceptable liberté, celle de faire des choix en m’écoutant, celle de renoncer en choisissant justement, celle de prendre le risque de faire confiance à ce qui circule en moi dans ce temps de vie où je suis, aujourd’hui.
     Mes choix m’appartiennent et choisir c’est renoncer.
    Je renonce donc à une relation, à des relations, à des modes de vie dans lesquels je ne me retrouve pas, pour lesquels je ne sens pas en moi un mouvement vers le meilleur, un abandon, une ouverture qui m’agrandit et me prolonge.
    Je renonce à la prise en charge des peurs et des désirs de l’autre sur moi.
    Je tente de me responsabiliser dans mes émotions, mes sentiments, pour passer, chaque fois que j’en prends conscience du réactionnel au relationnel.
    Je choisis aussi d’entendre comment l’autre se définit devant moi, avec ce qu’il est aujourd’hui.
    Je choisis de me définir devant lui, en parlant de moi… en ne le laissant plus parler de moi.
    Je choisis de garder le meilleur d’une relation, de l’inscrire en moi au delà des regrets et des manques.
    Je choisis de garder l’essentiel des découvertes, des enthousiasmes, des plaisirs et des partages.
    Je choisis aussi de me prendre en charge, de ne pas laisser croire à l’autre qu’il est responsable de mes besoins ou de mes sentiments.
    J’avance ainsi aujourd’hui.

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Jacques Salomé

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Etes-vous prêt à aimer ? (Le film de la Journée de la Compassion)

Jacques Salomé – Le courage d’être soi

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      Le courage d’être soi ne se transmet pas par les gênes, pas plus qu’il ne nous est donné ou offert à la naissance par quelques bonnes fées ou devins qui se serait penchés sur notre berceau pour y déposer ce qui est souvent considéré comme une vertu.
      Le courage d’être soi ne s’acquiert pas à partir de faits d’armes ou d’actes héroïques sur des champs de bataille ou dans des combats pour vaincre un ennemi, il se découvre et se développe à partir d’une confrontation et d’un dépassement de soi même. Il ne vise pas à vaincre ou à convaincre, mais à croître, à permettre un grandissement de l’intérieur Il va naître d’une lutte contre nos conditionnements et habitudes, d’une plongée dans nos zones d’ombre et surtout d’une confrontation avec nos culpabilités, avec la peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir aimer ou de mal aimer.
      Le courage d’être soi est une conquête qui doit se confirmer chaque jour, il est l’aboutissement d’un cheminement semé de découvertes et de déceptions, d’enthousiasme et d’obstacles. Il s’appuie sur le dépassement d’un certain nombre de leurres et de croyances erronées.
      Le courage d’être soi va se révéler à nous au travers d’une succession d’épreuves. Il devra se nourrir à des racines autour de la confiance en soi, du respect de l’ex-enfant qui est en nous, de la responsabilisation pour l’adulte que nous sommes devenus.
      Et pour cela nécessiter un nettoyage de la tuyauterie relationnelle avec notre passé, un lâcher prise sur les ressentiments, les regrets, les amertumes ou les accusations sur les personnages clés de notre histoire.
      Le courage d’être soi suppose d’aller au-delà des loyautés invisibles, des fidélités qui nous enferment pour accepter d’oser sa propre vie, sans se sentir coupable de la vivre à temps plein.
      Trouver la bonne distance dans une relation proche, se définir et surtout refuser de se laisser définir par nos proches, ceux qui prétendent nous aimer et qui voudraient trop souvent nous mettre au service de leurs besoins et désirs, cela suppose de prendre le risque de faire de la peine, d’être mal jugé, d’être perçu comme égoïste ou sans cœur.

      Le courage d’être soi va s’imposer parfois à nous comme une nécessité, celle de sortir de la survie, pour naître enfin à la vie.

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Jacques Salomé – Le courage d’être soi

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Source : http://www.j-salome.com/03-telechargement/telechargement.php

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Jacques Salomé - Le courage d’être soi

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Jack Kornfield – Recit d’éveil

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      Ma première expérience de satori s’éleva au cour d’une session de zen mais seulement après neuf ans de soins psychologiques et de pratiques intensives de la méditation. Ce fut en quelque sorte comme si, la préparation et la purification étant suffisantes, j’étais maintenant mûr. Une nuit, je rêvai d’une montagne sacrée avec à ses pieds les temples dédiés aux saints du passé. Je sus qu’ils n’étaient visibles que pour une minorité. En rêve, j’escaladai la montagne tout en mangeant un grand cornet de glace, tandis que tous les enfants du monde dévalaient de son sommet, galopant joyeusement vers le monde. Moi j’avais une glace et je m’esclaffais. Pour nous tous, il n’y avait que rires et innocence. C’était très différent de mon enfance réelle comme si de nouvelles possibilités s’ouvraient à l’intérieur de moi.

      Peu de temps après ce rêve, je participais à une retraite de printemps. Je me souviens avoir expérimenté une méditation profonde et pure. Je pensai que je commençais à trouver ce que j’avais tant cherché — mais j’en savais suffisamment pour ne pas m’accrocher à cette pensée et continuai à méditer. Puis au quatrième jour, mon esprit sombra dans le chaos je me dis : « Bon ! Je m’étais trompé » Mais au lieu d’utiliser ma concentration comme une épée pour trancher la confusion et chasser au loin tout cela, mis à part cette base de lumière, j’embrassai ce chaos de tout mon cœur. Mon corps, mon esprit et le monde commencèrent alors à s’ouvrir. Il y eut comme une grande vague déferlant au-dessus de moi. J’étais empli de joie et de clarté. À la fois vide et plein, un hiver froid en même temps qu’un chaud printemps. Je sentis que je pouvais tout comprendre.

      Cela continua pendant des jours et des semaines. Je me souviens des sessions du milieu de l’après-midi lorsque tout le monde était fatigué, assoupi, luttant contre le sommeil. Moi, j’étais tellement heureux. Nous pouvions aller voir le maître zen pour qu’il nous pose ses impossibles questions. je souriais à moi-même. « Oh ! J’en connais la réponse. » Et je me contentais de rester simplement assis. L’énergie s’élevait, s’élevait.

      Pour finir, j’allai voir le maître et il me posa l’un des plus vieux koans, ponctué d’un petit geste de la main. Avec ce geste, la chambre entière s’effaça. Tout avait disparu — le vent, les étoiles, les chiens au-dehors. Nous disparûmes tous dans la même immensité. Il n’y avait rien, il y avait tout. Je me mis à rire et à rire, émerveillé. Je connus l’esprit de mon maître et l’âge du monde. Mon corps était transparent, le souffle du vent devint ma respiration et mes pas la terre en mouvement.

      Après cela, ma vie fut très joyeuse, vivante ; mes peurs les plus anciennes furent balayées, elles disparurent tout simplement. J’étais enfin vraiment vivant. Même si pendant des semaines et des mois j’ai souri, ce fut une période bizarre. Dans la communauté, je ne parlai à personne de ce qui m’arrivait car je savais que les gens, d’une manière ou d’une autre, se sentiraient exclus. C’est ainsi que je devins très vite conscient de toutes les limites douloureuses du monde et compris comment, même à l’intérieur de cette grande ouverture, les limites doivent absolument être respectées.

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Jack Kornfield – Apres l’extase, la lessive

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Source : http://fr.sages.wikia.com/

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Souvenirs1

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Christiane Singer

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   Persévérer à chercher davantage la saveur que le savoir, le balbutiement que la rhétorique satisfaite. Persévérer en ces temps de fer à faire crédit à ce qui est fragile, à ce qui fait faillite. Persévérer à avoir foi en chaque homme, à préférer être déçu dix fois plutôt qu’hostile une seule fois.

    Persévérer à n’investir que dans le sable qui coule entre les doigts et dans les espérances non cotées en bourse. Persévérer à croire que l’instinct primordial en chaque homme est la vénération et que c’est la répression de ce désir qui rend haineux et fou.

    Persévérer à voir Dieu partout. Entre les lignes des slogans, dans les caniveaux des villes et sur les murs des banlieues, à l’entendre dans le braillement des haut-parleurs, et dans le frrrrrt… d’un oiseau envolé. Persévérer à préférer que la raison me quitte plutôt que l’espoir. Et l’espoir plutôt que l’amour.

    Persévérer. Pour que la gangrène de l’indifférence ne se propage pas.
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Christiane Singer

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En-vie1

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Svami Prajnanpad – Le verbe «être» au présent c’est la voix de la vérité

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       Pratiquement parlant, qu’y a-t-il? Qu’est-ce que la réalité?
       C’est ce qui est, ce que vous voyez, ce que vous sentez mais que vous n’acceptez pas. Les idées ne sont pas la réalité:. Quand une idée se forme, elle devient abstraite et s’écarte de ce qui est réel ou vrai. Il faut éviter les abstractions. Voir directement ce qui est.
        Voir ici et maintenant, c’est contempler, non s’échapper dans l’imagination ou des théories, ce qui est de l’intellectualisme pur et simple, à ne pas confondre avec l’intellectualité. Les idées si belles soient-elles, ne remplacent pas la réalité. Celle-ci doit être vue, et non être un objet de pensée ou de discussion.
       S’il est nécessaire d’agir, engagez-vous dans l’action. Agissez de votre mieux, de façon à ressentir en vous-même: «Oui, j’ai fait de mon mieux, oui, j’ai fait tout ce que je pouvais faire ».
       Le verbe «être» au présent c’est la voix de la vérité. Le conditionnel passé «j’aurais dû» est la voix de l’illusion. Acceptez ce qui est et essayez de comprendre plutôt que de souhaiter que ce soit différent.
       La vérité fondamentale c’est que toutes les choses sont différentes et aussi changeantes.     Percevez donc cette différence et ce changement et adaptez-vous en conséquence. Quand vous pouvez-vous adapter à tant de choses, vous devenez vous-même unique et tout devient Brahman.
      C’est seulement votre petit moi qui crée des conflits. Dépassez ce petit moi et vous trouverez une paix qui dépasse l’entendement.
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Svami Prajnanpad – Entretiens avec Arnaud Desjardins

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Partout...bis

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Neale Donald Walsch – Conversation avec Dieu

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« J’ai tant de choses à demander. J’ai tellement de questions. Je suppose que je devrais commencer par les grandes, les plus évidentes. Comme celle-ci : pourquoi le monde est-il dans un tel état?

      De toutes les questions que l’homme a posées à propos de Dieu, c’est la plus fréquente. Il la pose depuis le début des temps. Depuis le premier instant, tu as voulu savoir pourquoi cela doit-il être ainsi.

      La formulation classique de la question est habituellement quelque chose comme : Si Dieu  est perfection et amour, pourquoi Dieu a-t-Il créé la peste et la famine, la guerre et la maladie, les tremblements de terre, les tornades et les ouragans, et toutes sortes de désastres naturels, de profondes déceptions personnelles et de calamités mondiales?

La réponse à cette question réside dans le plus profond mystère de l’univers et la signification la plus élevée de la vie.

      Je ne montrerais pas Ma bonté si je ne créais que ce que tu appelles la perfection tout autour de toi Je ne montrerais pas Mon amour si je ne te laissais pas démontrer le tien.

      Comme Je l’ai déjà expliqué, tu ne peux faire montre d’amour à moins de pouvoir faire montre de non-amour. Une chose ne peut exister sans son contraire, sauf dans le monde de l’absolu. Cependant, le royaume de l’absolu n’était suffisant ni pour toi ni pour Moi. J’existais là, dans le toujours, et c’est de là que tu viens, toi aussi.

      Dans l’absolu, il n’y a aucune expérience, que de la connaissance. La connaissance est un état divin, mais la plus grande joie se trouve dans l’être. Être, cela ne s’atteint qu’à travers l’expérience. L’évolution est telle : connaître, faire l’expérience, être. C’est la Sainte Trinité – la Trinité qu’est Dieu.

      Dieu le Père est la connaissance : le parent de toute compréhension, celui qui engendre toute expérience, car tu ne peux faire l’expérience de ce que tu ne connais pas.

      Dieu le Fils est l’expérience : l’incarnation, l’action de tout ce que le Père connaît de Lui-même, car tu ne peux être ce dont tu n’as pas fait l’expérience.

      Dieu le Saint Esprit est l’être : la désincarnation de tout ce dont le Fils a fait de Lui-même l’expérience; le fait, simple et exquis, d’être, qui n’est possible que dans la souvenance d’avoir fait l’expérience et de connaître.

      Ce simple fait d’être est la béatitude. C’est l’état de Dieu après qu’Il Se soit connu et qu’Il ait fait l’expérience de Soi. C’est ce à quoi Dieu aspirait au commencement.

Bien entendu, tu n’as plus à te faire expliquer que le fait de décrire Dieu en termes de père et fils n’a rien à voir avec le sexe. J’utilise ici le langage pittoresque de vos textes sacrés les plus récents. Des textes sacrés beaucoup plus anciens plaçaient cette métaphore dans un contexte de mère et fille. Ni les uns ni les autres ne sont justes. Ton esprit est à même de saisir la relation en termes de parent et de progéniture, entre ce-qui-donne-naissance-à et ce-qui-prend-naissance.

      En ajoutant la troisième partie de la Trinité, on obtient cette relation : Ce qui donne naissance à / Ce qui prend naissance / Ce qui est.

      Cette réalité trine est la signature de Dieu. C’est le modèle divin. Le trois-en-un se trouve partout dans les domaines du sublime. II est impossible d’y échapper en ce qui concerne le temps et l’espace, Dieu et la conscience, ou toutes les relations sublimes. D’autre part, tu ne trouveras la Vérité trine dans aucune des relations rudimentaires de la vie.

      Tous ceux qui sont en contact avec ces relations reconnaissent la Vérité trine dans les relations subtiles de la vie. Certains de vos spécialistes de la religion ont décrit la Vérité trine comme étant le Père, le Fils et le Saint Esprit. Certains de vos psychiatres utilisent les termes supra-conscient, conscient et subconscient. Certains de vos spiritualistes disent esprit, corps et âme. Certains de vos scientifiques voient de l’énergie, de la matière et de l’éther. Certains de vos philosophes disent qu’une chose n’est vraie pour vous que si elle est vraie en pensée, en parole et en action. Au niveau du temps, vous en considérez trois : passé, présent, futur. De même, vous percevez trois moments : avant, maintenant et après. En termes de relations spatiales, que vous considériez les points de l’univers ou de votre propre chambre, vous reconnaissez : ici, là et l’espace entre les deux.

      Dans le monde des relations rudimentaires, vous ne reconnaissez aucun «intermédiaire».   C’est parce que les relations rudimentaires sont toujours des dyades, tandis que les relations du domaine supérieur sont invariablement des triades. Par conséquent, il y a gauche-droite, haut-bas, gros-petit, rapide-lent, chaud-froid, et la plus grande dyade jamais créée : mâle-femelle. Ces dyades ne comprennent aucun intermédiaire. Une chose est ceci ou cela, ou une version plus ou moins grande en relation avec l’une de ces polarités.

      Dans le domaine des relations rudimentaires, aucun concept ne peut exister sans son contraire. La plus grande part de votre expérience quotidienne tire ses fondements de cette réalité.

     Dans le domaine des relations sublimes, rien de ce qui existe n’a de contraire. Tout Est un et tout évolue de l’un à l’autre en un cercle sans fin.

      Le Temps est l’un de ces domaines sublimes dans lequel ce que tu appelles le passé, le présent et le futur existent de façon interrelationnelle. C’est-à-dire : ce ne sont pas des contraires, mais plutôt des parties du même tout; des progressions de la même idée; des cycles de la même énergie; des aspects de la même Vérité immuable. Si tu en conclus que le passé, le présent et le futur existent en un seul et même «temps», tu as raison. (Mais ce n’est pas le moment de parler de cette question. Nous pourrons l’aborder de façon beaucoup plus détaillée quand nous explorerons tout le concept du temps; ce que nous ferons plus tard.)

      Le monde est dans l’état où il se trouve parce qu’il ne pourrait en être autrement dans le domaine rudimentaire de la matérialité. Les tremblements de terre et les ouragans, les inondations et les tornades, ainsi que les autres phénomènes que vous appelez désastres naturels, ne sont que des mouvements des éléments d’une polarité à l’autre. Tout le cycle naissance-mort fait partie de ce mouvement. Ce sont les rythmes de la vie, et toute la réalité rudimentaire leur est soumise, car la vie même est un rythme. C’est une vague, une vibration, une pulsation au cœur même de Tout Ce Qui Est.

      La maladie et le mal-être sont des contraires de la santé et du bien-être, et c’est sur votre ordre qu’ils se manifestent dans votre réalité. Vous ne pouvez tomber malades sans, à un certain niveau, vous rendre malades, et vous pouvez recouvrer la santé, en un instant : il suffit de le décider. Les profondes déceptions personnelles sont des réactions que vous avez choisies, et les calamités mondiales sont les résultats d’une conscience mondiale.

      Ta question laisse entendre que Je choisis ces événements, que c’est Ma volonté et Mon désir de les provoquer. Cependant, Je ne fais pas arriver ces choses, Je Me contente de vous observer en train de les faire. Et Je ne fais rien pour les arrêter, car ce serait contrecarrer votre volonté. En retour, cela vous priverait de l’expérience de Dieu, qui est l’expérience que vous et Moi avons choisie ensemble.

      Par conséquent, ne condamne pas tout ce que tu qualifierais de mauvais en ce monde. Interroge-toi plutôt sur ce que tu as trouvé mauvais à propos de ces choses, et ce que tu veux faire pour les changer, s’il y a lieu.

      Interroge l’intérieur, plutôt que l’extérieur, en te demandant : «De quelle partie de mon Soi est-ce que Je veux faire l’expérience, à présent, devant cette calamité? Quel aspect de l’être est-ce que Je choisis d’invoquer?» Car la vie n’est qu’un outil de ta propre création, et tous ses événements ne sont que des occasions, pour toi, de décider et d’être Qui Tu Es. »

       La maladie et le mal-être sont des contraires de la santé et du bien-être, et c’est sur votre ordre qu’ils se manifestent dans votre réalité. Vous ne pouvez tomber malades sans, à un certain niveau, vous rendre malades, et vous pouvez recouvrer la santé, en un instant : il suffit de le décider. Les profondes déceptions personnelles sont des réactions que vous avez choisies, et les calamités mondiales sont les résultats d’une conscience mondiale.

      Ta question laisse entendre que Je choisis ces événements, que c’est Ma volonté et Mon désir de les provoquer. Cependant, Je ne fais pas arriver ces choses, Je Me contente de vous observer en train de les faire. Et Je ne fais rien pour les arrêter, car ce serait contrecarrer votre volonté. En retour, cela vous priverait de l’expérience de Dieu, qui est l’expérience que vous et Moi avons choisie ensemble.

      Par conséquent, ne condamne pas tout ce que tu qualifierais de mauvais en ce monde. Interroge-toi plutôt sur ce que tu as trouvé mauvais à propos de ces choses, et ce que tu veux faire pour les changer, s’il y a lieu.

      Interroge l’intérieur, plutôt que l’extérieur, en te demandant : «De quelle partie de mon Soi est-ce que Je veux faire l’expérience, à présent, devant cette calamité? Quel aspect de l’être est-ce que Je choisis d’invoquer?» Car la vie n’est qu’un outil de ta propre création, et tous ses événements ne sont que des occasions, pour toi, de décider et d’être Qui Tu Es.

      C’est vrai pour toutes les âmes : tu vois donc qu’il n’y a aucune victime dans l’univers, il n’y a que des créateurs. Tous les Maîtres qui ont foulé le sol de cette planète savaient cela. C’est pourquoi aucun d’eux ne s’est pris pour une victime, bien que plusieurs aient été crucifiés.

      Toute âme est un Maître, bien que certaines ne se rappellent pas leurs origines ou leur héritage. Cependant, chacune crée, à chaque instant appelé maintenant, sa situation et les circonstances de sa vie, en fonction de son propre but et de la rapidité avec laquelle elle se rappelle.

      Ne juge donc pas la voie karmique parcourue par un autre. N’envie pas le succès, ne plains pas l’échec, car tu ne sais pas ce qu’est le succès ou l’échec aux yeux de l’âme.  N’appelle une chose ni calamité, ni événement joyeux, avant d’avoir décidé, ou été témoin, de la façon dont elle est utilisée. Car une mort est-elle une calamité si elle sauve la vie de milliers de gens? Une vie est-elle un événement joyeux si elle n’a causé que de la peine? Même cela, tu ne dois pas le juger, mais toujours le garder pour toi et laisser faire les autres.

      Cela ne veut pas dire ignorer un appel à l’aide, ni le besoin de ta propre âme de travailler au changement d’une situation ou d’une condition. Cela veut dire agir en évitant les étiquettes et les jugements. Car chaque situation est un cadeau et dans toute expérience est caché un trésor.

       Il y avait jadis une âme qui se savait lumière. Comme c’était une âme neuve, elle avait hâte de faire des expériences. «Je suis la lumière, disait-elle. Je suis la lumière.» Mais elle avait beau le savoir et le dire, cela ne remplaçait pas l’expérience de la chose. Et dans le royaume d’où émergeait cette âme, il n’y avait que de la vie. Chaque âme était grande, chaque âme était magnifique et chaque âme luisait de l’éclat de Mon imposante lumière.  Alors, la petite âme en question était comme une chandelle au soleil. Au milieu de la plus grande lumière (dont elle faisait partie), elle ne pouvait ni se voir, ni faire elle-même l’expérience de Qui et de Ce Qu’Elle Est Vraiment.

      Alors, cette âme se mit à aspirer de plus en plus à se connaître.

      Et si grande était son aspiration qu’un jour Je lui dis: «Sais-tu, Petite, ce que tu dois faire pour satisfaire ton aspiration?»

«Quoi donc, Dieu? Quoi? Je ferais n’importe quoi!» dit la petite âme.

«Tu dois te séparer de nous, lui répondis-Je, puis tu dois invoquer l’obscurité sur toi.»

«Qu’est-ce que l’obscurité, ô Divin?» demanda la petite âme.

«C’est ce que tu n’es pas», lui répondis-Je, et l’âme comprit.

Alors, c’est ce que fit l’âme : elle se détacha du tout, mais oui, et se rendit même dans un autre royaume. Et dans ce royaume, l’âme avait le pouvoir d’invoquer dans son expérience diverses sortes d’obscurité. C’est ce qu’elle fit.

Mais au milieu de toute l’obscurité, elle s’écria : «Père, Père, pourquoi m’as-Tu abandonnée?» Tout comme tu l’as fait, toi, à tes heures les plus sombres. Mais Je ne t’ai jamais abandonné, Je te suis toujours fidèle, prêt à te rappeler Qui Tu Es Vraiment; prêt, toujours prêt, à te ramener chez toi.

      Par conséquent, sois une lampe dans l’obscurité et ne la maudis pas.

      Et n’oublie pas Qui Tu Es au moment où tu seras encerclé par ce que tu n’es pas. Mais loue la création, au moment même où tu cherches à la changer.

      Et sache que ce que tu feras au moment de ta plus grande épreuve sera peut-être ton plus grand triomphe. Car l’expérience que tu crées est une affirmation de Qui Tu Es — et de Qui Tu Veux Être.

      Je t’ai raconté cette histoire (la parabole de la petite âme et du soleil) pour te permettre de mieux comprendre pourquoi le monde est comme il est, et comment il peut changer dès l’instant où chacun se rappelle la divine vérité de sa réalité la plus élevée.

      Alors, il y a ceux qui disent que la vie est une école et que ces choses que tu observes et dont tu fais l’expérience dans ta vie sont destinées à ton apprentissage. J’ai déjà parlé de cela et Je te le redis :

      Tu n’es pas venu en cette vie pour apprendre quoi que ce soit : tu n’as qu’à démontrer ce que tu sais déjà. En le démontrant, tu vas le dépasser et te créer à nouveau, à travers ton expérience. Ainsi, tu justifieras la vie et lui donneras un but. Ainsi, tu la sanctifieras.

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Es-tu en train de me dire que toutes les mauvaises choses qui nous arrivent, nous les avons choisies? Es-tu en train de me dire que même les calamités et les désastres du monde, nous les créons, à un certain niveau, afin de pouvoir «faire l’expérience du contraire de Ce Que Nous Sommes»? Et si c’est le cas, est-ce qu’il n’y a pas un autre moyen moins pénible (pour nous-mêmes et pour les autres) de nous créer des occasions de faire l’expérience de nous-mêmes?

      Tu as posé plusieurs questions et elles sont toutes bonnes. Prenons-les une à une.

Non, les choses que tu appelles mauvaises et qui t’arrivent, tu ne les choisis pas toutes. Pas consciemment, comme tu l’entends. Elles sont toutes de ta propre création.

      Tu es toujours en processus de création. A chaque moment. A chaque minute. A chaque jour. Comment tu peux créer, nous y reviendrons. Pour l’instant, prends seulement Ma parole : tu es une grosse machine à création et tu produis une nouvelle manifestation à la vitesse de la pensée, littéralement.

      Les événements, les incidents, les choses qui arrivent, les conditions, les situations : tout cela est créé par la conscience. La conscience individuelle est suffisamment puissante. Tu peux imaginer quel genre d’énergie créatrice se déchaîne chaque fois que deux personnes ou plus se rassemblent en Mon nom. Et la conscience collective? Alors, ça, c’est suffisamment puissant pour créer des événements et des situations d’importance mondiale, aux conséquences planétaires.

      Il ne serait pas exact de dire (au sens où tu l’entends) que tu choisis ces conséquences. Tu ne les choisis pas plus que Moi. Comme Moi, tu les observes. Et lorsque tu choisiras Qui  Tu Es, tu en tiendras compte.

      Mais il n’y a ni victimes ni méchants dans le monde. Tu n’es pas victime des choix des autres. À un certain niveau, tu as créé tout ce que tu dis détester et, l’ayant créé, tu l’as choisi. 

      C’est un niveau de pensée avancé; c’est celui que tous les Maîtres atteignent tôt ou tard. Car ce n’est que lorsqu’ils peuvent accepter la responsabilité de tout cela qu’ils accèdent au pouvoir d’en changer une partie.

      Tant que tu entretiens l’idée qu’il y a quelque chose ou quelqu’un d’autre, à l’extérieur, qui te «fait ça», tu cèdes ton pouvoir d’y changer quoi que ce soit. Ce n’est que lorsque tu dis «C’est moi qui ai fait ça» que tu peux trouver le pouvoir de le changer.

        ll est beaucoup plus facile de changer ce que tu fais que de changer ce que fait un autre.

       Pour changer une chose, quelle qu’elle soit, il faut d’abord savoir et accepter que c’est toi qui l’as choisie. Si tu ne peux accepter cela personnellement, admets-le en comprenant que tous, Nous ne faisons qu’Un. Cherche alors à créer un changement, non pas parce qu’une chose est mauvaise, mais parce qu’elle n’est plus une affirmation fidèle de Qui Tu Es.

      Il n’y a qu’une raison de faire quoi que ce soit : affirmer Qui Tu Es à l’univers.

      Lorsqu’on en fait un tel usage, la vie devient créatrice de Soi. La vie te sert à faire de ton Soi Qui Tu Es et Qui Tu as Toujours Voulu Être. De même, il n’y a qu’une raison de dé-faire quoi que ce soit : parce que ce n’est plus une affirmation de Qui Tu Veux Être. Cela ne te reflète pas. Cela ne te représente pas. (C’est-à-dire : cela ne te re-présente pas…)

      Si tu veux être fidèlement re-présenté, tu dois travailler à changer tout ce qui, dans ta vie, ne cadre pas avec l’image de toi que tu veux projeter dans l’éternité.

      Au sens le plus large, toutes les choses «mauvaises» qui arrivent sont tes propres choix.  La faute n’est pas de les avoir choisies, mais de les qualifier de mauvaises. Car en les qualifiant de mauvaises, tu dis que ton Soi est mauvais, puisque c’est toi qui les as créées.

      Comme tu ne peux accepter cette étiquette, au lieu de traiter ton Soi de mauvais, tu désavoues tes propres créations. C’est cette malhonnêteté intellectuelle et spirituelle qui te fait accepter un monde qui se trouve dans un tel état. Si tu acceptais, ou même si tu n’avais qu’un profond sentiment intérieur de ta responsabilité personnelle dans le monde, ce dernier serait fort différent. Ce serait certainement vrai si chacun se sentait responsable. C’est son évidence qui rend la chose totalement pénible et intensément ironique.

      Les calamités et les désastres naturels du monde (ses tornades et ouragans, ses volcans et ses inondations), les bouleversements physiques, ne sont pas créés par toi en particulier. Ce qui est créé par toi, c’est le degré auquel ces événements affectent ta vie.

      Il se produit dans l’univers des événements que, par aucun effort d’imagination, tu ne pourrais prétendre avoir initiés ou créés.

      Ces événements sont créés par la conscience collective de l’homme. C’est le monde entier qui, par co-création, produit ces expériences. Ce que fait chacun de vous, individuellement, c’est de les vivre en choisissant ce qu’elles signifient pour vous, s’il y a lieu, et Qui et Ce  Que Vous Êtes en relation avec elles.

      Ainsi, vous créez collectivement et individuellement la vie et l’époque dont vous faites l’expérience, dans le but de faire évoluer votre âme.

      Tu as demandé s’il y avait une façon moins pénible de vivre ce processus. La réponse est oui, mais rien dans ton expérience extérieure n’aura changé. La façon de réduire la douleur que tu associes aux expériences et aux événements terrestres (les tiens et ceux des autres) est de changer la façon dont tu les perçois. 

      Comme tu ne peux changer les événements extérieurs (car ils ont été créés par vous tous, et vous n’êtes pas suffisamment mûrs dans votre conscience pour modifier individuellement ce qui a été créé collectivement), alors tu dois changer l’expérience intérieure. C’est la voie de la maîtrise de la vie.

      Rien n’est douloureux en soi. La douleur est le résultat d’une pensée fausse. C’est une erreur de pensée.

      Un Maître peut faire disparaître la douleur la plus abjecte. En ce sens, le Maître guérit.

      La douleur résulte d’un jugement que tu as porté sur quelque chose. Retire le jugement et la douleur disparaîtra.

      Le jugement est souvent fondé sur une expérience antérieure. L’idée que tu te fais d’une chose dérive d’une idée qui lui est antérieure. Cette idée antérieure résulte à son tour d’une idée qui lui est antérieure : cette dernière vient d’une autre, et ainsi de suite, comme les cubes d’un jeu de construction, jusqu’à ce que tu reviennes, en traversant toute la salle des miroirs, à ce que J’appelle la première pensée.

      Toute pensée est créatrice et aucune pensée n’est plus puissante que la pensée originelle.      C’est pourquoi on l’appelle également, parfois, le péché originel.

      Le péché originel, c’est lorsque ta première pensée à propos d’une chose est erronée. Cette erreur est alors combinée plusieurs fois, chaque fois que tu as une deuxième ou troisième pensée à propos d’une chose. C’est le travail de l’Esprit Saint que de t’inspirer de nouvelles façons de comprendre qui peuvent te libérer de tes erreurs.

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Es-tu en train de dire que je ne devrais pas me sentir mal à propos des enfants qui meurent de faim en Afrique, de la violence et de l’injustice en Amérique, du tremblement de terre qui tue des centaines de gens au Brésil?

      Dans le monde de Dieu, il n’y a ni obligations ni interdits. Fais ce que tu veux. Fais ce qui te reflète, ce qui te re-présente sous une version plus grande de ton Soi. Si tu veux te sentir mal, sens-toi mal.

      Mais ne juge pas et ne condamne pas, car tu ne sais pas pourquoi telle chose se produit, ni à quelle fin.

      Et rappelle-toi ceci : ce que tu condamnes te condamnera et ce que tu juges, tu le deviendras un jour.

      Cherche plutôt à changer les choses (ou à appuyer des gens qui sont en train de les changer) qui ne reflètent plus ton sentiment le plus élevé de Qui Tu Es.

      Cependant, bénis tout, car tout est la création de Dieu; à travers la vie en expression, là est la création suprême.

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Neale Donald Walsch – Conversation avec Dieu

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Extrait de Conversation avec Dieu, de Neale Donald Walsch

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Dilgo Khyentsé Rinpotché – Au cœur de la compassion

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      Si vous dépassez votre croyance à la réalité du « moi »aujourd’hui, vous vous libèrerez aujourd’hui ; si vous la dépassez demain, vous vous libèrerez demain ; mais si vous ne la dépassez jamais, vous n’atteindrez jamais l’Eveil.

      Pourtant ce « moi » n’est qu’une pensée, et les pensée n’ont pas en soi de consistance, de forme ou de couleur. Quand, par exemple, une pensée de colère envahit votre esprit  avec une puissance telle que vous voulez vous battre contre quelqu’un  et le détruire, cette colère brandit-elle une épée ? Est-elle à la tête d’une armée ? A-t-telle le pouvoir de vous calciner comme le feu, de vous écraser comme un rocher, de vous emporter comme un torrent fougueux ? Non, car la colère, comme toute pensée ou tout sentiment, n’existe pas réellement. Elle ne se trouve dans aucun endroit du corps ou de l’esprit. Elle est comme le vent dans le vide de l’espace. Au lieu de laisser les pensées rebelles vous asservir, comprenez donc leur essentielle vacuité ! [… ]

      Si vous domptez la colère au-dedans, vous découvrirez qu’il n’existe plus un seul ennemi au-dehors ; autrement, même si vous parvenez  à vaincre tous les êtres de l’univers, votre colère n’aura fait que croître. Vous ne la dissiperez pas en lui laissant libre cours, car votre ennemi le plus intolérable, c’est précisément elle. Si, en revanche, vous examinez sa nature, elle s’évanouira comme un nuage dans le ciel. […]

       L’esprit, n’a ni forme, ni couleur, ni substance. Voilà pour son aspect vide. Néanmoins, il peut reconnaître et il perçoit l’infinie variété des phénomènes. Voilà pour son aspect « lumineux », ou connaissant. L’union indissociable de ces deux aspects, vacuité et luminosité, est ce que l’on appelle la nature originelle de l’esprit.

       Pour le moment, la clarté originelle de votre esprit est voilée par l’illusion, mais au fur et à mesure que ces voiles se dissiperont, vous commencerez à découvrir le rayonnement de la conscience éveillée, jusqu’à ce que vos pensées se libèrent à l’instant même où elles apparaîtront, comme un dessin tracé sur l’eau. Quand on reconnaît directement la nature de l’esprit, c’est ce que l’on appelle le « nirvana », l’au-delà de la souffrance. Quand cette nature est voilée par l’illusion, c’est ce que l’on appelle le « samsara », le monde des apparences trompeuses. Selon la réalité ultime, samsara et nirvana ne sont jamais distincts du continuum de la nature absolue. Quand l conscience éveillée atteint sa plénitude, les murs de la confusion mentale s’écroulent, et la citadelle de l’absolu est conquise une fois pour toutes, transcendant la notion même de méditation.

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Dilgo Khyentsé  Rinpotché – Au cœur de la compassion

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Dilgo Khyentsé  Rinpotché – Au cœur de la compassion4

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DilgoKhyentsé Rinpotché – Le trésor du cœur des êtres éveillés

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      La haine ou la colère ne font pas partie de la personne envers qui nous  les éprouvons. Elles n’existent que dans notre esprit. Dès que celui que nous prenons pour un ennemi se trouve devant nous, toutes nos pensées se focalisent sur le tort qu’il nous a fait autrefois, le mal qu’il nous a fait maintenant et celui qu’il pourrait nous faire plus tard. Nous sommes à ce point ulcéré, qu’il nous est insupportable ne serait-ce qu’entendre le nom de cette personne. Et plus nous laissons libre cours à ces pensées, plus la colère nous submerge et, avec elle, l’irrésistible envie de saisir une pierre ou un bâton. C’est ainsi qu’un simple accès de colère peut nous conduire au comble de l’agressivité.
      La colère semble capable de prendre entièrement possession de nous, mais d’où tire-t-elle son pouvoir ? Est-ce une force extérieure, avec des jambes et des bras, des armes et des guerriers ? Où intérieure, tapie quelque part en nous ? Dans ce dernier cas, pouvons-nous la localiser lalocaliser dans notre cerveau, notre cœur, ou une autre partie de nous-même ? Nous n’y parviendrons pas, et pourtant elle nous semble si présente, capable de figer notre esprit en déclenchant un enchaînement de souffrances en nous et chez les autres. A l’exemple des nuages, qui sont trop impalpables pour supporter le moindre poids, mais qui peuvent couvrir le ciel etcacher le soleil, les pensées peuvent masquer la lumière de la conscience éveillée. Reconnaissez la vacuité de l’esprit, sa transparence, et l’esprt retournera de lui-même à son état de liberté naturelle. Reconnaissez la vacuité de la colère, et elle perdra son pouvoir de nuire.
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DilgoKhyentsé Rinpotché – Le trésor du cœur des êtres éveillés
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Charles Genoud – Retraite d ‘été au mois d’août 2012

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     Charles Genoud conduit des retraites dans les traditions Vipassana et Tibétaines.

      Ces pages sont le fruit de la transcription d’enseignements donnés par Charles Genoud,  lors d’une retraite d ‘été au mois d’août 2012 dans le Vercors. La forme orale, avec ses imperfections et ses répétitions, a été maintenue pour que le texte bénéficie de son authenticité d’origine.

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      Quand on veut aborder la méditation, il est important de se poser des questions essentielles, de se les poser fréquemment, de ne pas  sauter sur des réponses toutes faites. On peut se demander, profondément, de quoi s’agit-il quand on pratique la méditation? Sans s’engager dans une sorte de comparaison entre les différentes traditions bouddhiques qui donnent des perspectives un peu différentes sur comment y entrer, même si elles sont totalement d’accord dans la profondeur du processus. Il est important, donc, de se demander de quoi s’agit-il ? Car, on ne peut pas dans la pratique avoir une sorte de regard constant qui essaierait d’évaluer ce qui se passe, une sorte de dédoublement ou l’o méditerait puis en même temps on laisserait une partie de soi-même en train d’évaluer, ce serait évidemment un empêchement à la méditation. Il est important de déterminer de quoi il s’agit, afin de pouvoir ensuite s’engager avec une certaine clarté dans cette pratique, quitte à un moment ou à un autre à se poser la question : « Est-ce bien ce dont il s’agit ? Peut-être à ce moment-là ma perception change. On pourrait décrire la position parfaite, mais ce n’est pas ce dont il s’agit, ou l’observation rigoureuse de la respiration mais cela sont des éléments du contexte, ce n’est pas ce qui est en jeu dans la méditation.

       Je crois que c’est important d’approfondir cette question. Si nous réfléchissons un peu à la manière dont nous fonctionnons depuis la plus tendre enfance, nous sommes constamment pris dans un certain mouvement où il s’agit surtout de connaître le monde qui nous entoure. On apprend depuis tout petit, à connaître, nommer, différencier et c’est fondamental. L’enfant qui ne pourrait pas différencier, reconnaître le monde qui l’entoure ne pourrait pas vivre. Nous apprenons ceci avec une immense intensité, et une curiosité extraordinaire. Ensuite on l’élabore à l’école, et on l’applique dans la vie quotidienne. On est constamment dans ce souci d’efficacité, il s’agit de mettre en place certaines choses pour accomplir d’autres choses. Et cette efficacité peut jouer un rôle important, fondamental, essentiel dans notre existence. Mais cette efficacité est aussi récompensée par une meilleure position dans l’entreprise, un plus haut salaire. Cette efficacité, c’est un peu ce qui permet de progresser à travers l’existence. On va développer au fur du temps une plus grande capacité, un plus grand savoir, accomplissement professionnel. Nous acquérons aussi beaucoup de savoirs parallèles, ce sont toujours des sortes d’informations.  

      Dans ce mouvement d’acquisition, d’efficacité, cette action, ce devenir, il est quelque chose de fondamental qui n’est pas dévoilé, révélé. Il y a quelque chose qui est oublié,fondamentalement. C’est l’être de cette  personne qui apprend, qui se développe, qui devient efficace. On n’en tient pas compte et c’est justement là que se situe l’enjeu de la méditation. Non pas dans le développement d’une efficacité, méditative, mais au contraire de se donner les moyens de dévoiler l’être de la personne. Non pas l’être dans le sens d’une personnalité historique ou psychologique, pour savoir quels sont  les habitudes, les tendances, cela est un autre aspect, extrêmement riche, mais ce n’est pas ceci, il s’agit de quelque chose de plus essentiel qui va être révélé dans cet être  par la pratique méditative. On peut l’appeler présence, une connaissance profonde qui n’est pas de l’ordre de l’efficacité. Justement c’est lorsque l’on se dégage de l’efficacité que l’on découvre que dans cet être il y a quelque chose qui  est en rupture. Et cela est important car on remarque de nos jours une tendance à vouloir récupérer la méditation pour en faire un outil d’efficacité. On fait méditer les hommes et les femmes d’affaires afin qu’ils soient plus performants. C’est assez pittoresques de voir ces personnes méditer sur leur coussin avant d’aller à leur bureau, mais il y a quelque chose d’assez grave, on enlève ce qui est essentiel, on récupèrela méditation. On est de plus en plus envahi par cela, on va faire des tests au moyen d’appareils, pour déterminer quelle technique est la plus efficace. C’est dramatique, s’il faut demander à des appareils de monter et de prouver ce qui se passe dans la méditation. Il y a des statistiques  qui comparent des choses totalement incomparables : yoga, thaï chi, méditation…Cette tendance à vouloir mesurer comme si tout devait devenir mesurable, comparable. On rate l’essentiel. C’est justement, ce mouvement qui s’arrête dans la méditation, qui n’est plus un mouvement de devenir, de faire, d’agir,  de s’affairer mais au contraire qui suspend ce mouvement pour être dans l’être. Nous avons de telles habitudes, un tel souci d’efficacité, de telles habitudes d’être dans le faire, l’agir que évidemment on va amener cette habitude dans notre méditation.

      On va vouloir aider, faire, sans réaliser que ce « vouloir faire, aider » est une perversion de la méditation qui la détourne de son but essentiel. Il y a une sorte de pose, une suspension, on suspend cette activité, cette efficacité, qui n’est pas une chose négative en elle-même, qui est positive et tout à fait importante dans la vie d’un être humain, dans la mesure où on n’oublie pas l’essentiel. Il s’agit de suspendre ce souci de devenir, d’être, d’agir, pour s’ouvrir simplement à cet être. Donc une pause, on arrête. Qu’est-ce que veut dire cette pause ou cet arrêt ?  On arrête d’assujettir l’instant présent à un objectif futur. Cet emprisonnement extraordinaire, qui fait que chaque action va être évaluée par quelque chose qui se situe à l’extérieur de nous-même, par le résultat. Si je prépare un met à la cuisine, mon activité culinaire va être évaluée par le résultat, le repas qui sera préparé. Ce ne sera de savoir si j’étais calme, présent et   tranquille en faisant la cuisine. Non, ce sera : c’est pas très bon, tu as mis trop de se,. Evidemment, je m’étais engagé dans une tâche qui  visait un certain résultat, mais quand toute  action présente est enfermée, emprisonnée, où la valeur sera donnée par un résultat futur, elle perd toute sa qualité, elle n’est pas dans la présence, elle est dans le devenir, elle n’existe pas pour elle-même.  Or dans la méditation justement, il s’agit de laisser chaque instant dans sa propre valeur, et non pas parce qu’il va développer quelque chose. On ne peut pas voir e processus méditatif comme quelque chose qui se développerait dans le temps. Je reste perdu dans ma somnolence, avec patience parce que quand j’aurais suffisamment somnolé quelque chose d’autre va surgir. Cette expérience de somnolence dans la méditation n’aurait pas valeur d’être, en elle-même, mais simplement peut-être parce que quand je serais fatigué de somnoler je vais passer à autre chose. On peut se leurrer en se disant que, là, si je persévère dans mon erreur elle va se transformer en quelque chose de juste. On ne voit pas d’ailleurs pourquoi, il n’y a pas de prix de consolation, quelqu’un qui viendrait dire : « Maintenant tu as tellement essayé, tu vas réussir ». D’où l’importance de prendre conscience, lorsque l’on est dans une attitude erronée de ne pas la perpétuer, la nourrir. Et quand on sent que dans sa propre pratique méditative, qu’il y a une sorte de stagnation, ou quelque chose de répétitif, qui manque de vie, il est important de se poser les questions qui sont : « Quelle est mon attitude ? Qu’est-ce que j’attends ? Qu’est-ce que je suis en train de faire ? »  Est-ce que je suis en train d’attendre que quelque chose d’autre surgisse ? Ce quelque chose d’autre qui devrait surgir est dans un futur purement imaginaire. Je me leurre d’une manière plus dangereuse que si je commence à me dire : « Ça va être quand mes vacances d’hiver… ? » Au moins là, je sais très bien que je me suis éloigné et qu’au bout d’un moment je vais me dire que je ne suis pas là pour cela et je reviens. Mais quand  je crois que en persévérant dans une attitude fausse quelque chose de positif va surgir, je peux très bien pratiquer de cette manière-là pendant des années. Donc avoir cette qualité qui permet de reconnaître quand l’attitude est fausse. Ceci est un élément important, je crois que l’on peut expliquer la méditation par son caractère intemporel, on se rend bien compte que lorsqu’il y a cette dimension dans la méditation, c’est-à-dire que l’on n’accumule pas des instants en vue d’autre chose, qu’il y a déjà là dans cette absence de temporalité l’ouverture à une grande liberté. Le ciment principal de la prison dans laquelle nous nous enfermons c’est la temporalité. Et la manière de maintenir cette temporalité, c’est de croire que l’on accumule des instants qui vont déboucher sur autre chose. Evidemment, parler d’être à chaque instant c’est  quelque chose qui peut sembler un peu abstrait, qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi pas, on veut bien laisser tomber le devenir pendant quelques temps pour essayer d’être juste dans l’être, mais comment cela se fait ? Comment je vais réussir ? Il s’agit d’explorer un petit peu ce que veut dire ceci. On pourrait dire qu’à chaque instant, il y a conscience et conscience de quelque chose. Cela peut être un son, une forme, une couleur, un goût, une pensée, une idée, cela peut être aussi de la tristesse, de la joie, du calme ou de la tranquillité. Dans un instant ce qui va nous traverser, c’est conscience et conscience de quelque chose. Où se trouve cette qualité d’être, celle à laquelle on essaie de s’ouvrir par rapport à cette expérience « conscience et conscience de quelque chose ». Je crois que ceci est important car si on ne le comprend pas   on va orienter notre attitude et  notre attention de manière fausse qui va nous voiler cette ouverture possible à l’être que nous sommes. Je vais décrire un peu ce qui pourrait amener à calmer l’esprit. Il y a deux manières en méditation de calmer l’esprit. On pourrait dire que c’est quand même quelque chose qui semble être un des aspects bénéfiques de la méditation, même si on ne le place pas comme enjeu. Il y a une manière assez simple à comprendre. Lorsque l’on attache l’esprit à un objet stable, comme si on attachait une barque à un poteau, et à ce moment-là puisque l’objet ne bouge pas la conscience va se stabiliser à cause de la stabilité de l’objet. On peut le faire avec un mantra, la respiration d’autres supports, la visualisation d’une image etc. on contraint l’esprit à rester sur cet objet. Comme l’objet ne bouge pas la conscience va nécessairement se clamer. La stabilité vient de l’objet. Il y a une contrainte assez forte au début, puis cela devient plus naturel, il a de moins en moins de contraintes, d’efforts. Il y a une autre manière d’amener le calme dans l’esprit. C’est dans l’esprit lui-même. Ce qui agite l’esprit, c’est qu’il est constamment attiré par les choses ou au contraire rebuté par d’autres choses, il y a une sorte de constante stimulation.C’est un peu comme si on avait un baquet d’eau avec du sable dedans, ces stimulations donnent des coups constamment et agitent cette eau qui reste trouble. Par ce jeu de désir-aversion constant qui peut surgir, la moindre petite douleur corporelle provoque une réaction, très souvent on ne se rend même pas compte qu’il y a ces réactions du désir ou rejet de quelque chose, même si elles sont extrêmement faibles ces attitudes vont constamment agiter l’esprit. Et lorsque l’on isole l’esprit sur un objet,  à ce moment-là on exclut, dans le développement de cette stabilité, toutes les stimulations. On les exclut du fait que l’on ne prend plus en considération tout autre objet. Si on entend le son de la cuisine et que l’on a faim, immédiatement on l’élimine, on attache l’esprit à son objet de concentration. Dans la seconde attitude, ce que l’on va regarder c’est lorsque l’esprit est attiré ou rebuté par quelque chose, en prenant parfaitement conscience de ces mouvements dans la conscience elle-même, du désir ou de l’aversion, en ne les nourrissant pas, en n’y adhérant pas alors l’esprit va se calmer de lui-même, parce que l’on n’alimente pas ces mouvements dans la conscience. La conscience se calme elle-même, en elle-même, sur elle-même simplement parce que on est conscient de son énergie, de ses réactions, et c’est à ce moment que l’on va les apaiser. On l’apaise en elle-même et non pas par l’intermédiaire d’un objet stable. Dans la pratique de Vipassana c’est la seconde approche que nous favorisons. On peut se demander pourquoi, la première approche à quelque chose d’intéressant, c’est qu’elle est simple à comprendre, la seconde est plus difficile. La première est simple, parce que on se donne une tâche, on est habitué à avoir des tâches, de même on peut voir une progression, un accomplissement. On commence avec un esprit très agité et lentement il va se concentrer, jusqu’à un stade optimum, on est bien ici dans une attitude d’efficacité et c’est quelque chose que l’on comprend bien. Alors que dans la seconde attitude, il s’agit de rester en contact, focalisé sur l’aspect de la conscience elle-même, quelle est l’attitude de la conscience par rapport à cet objet qui m’attire ou me rebute, quelque chose qui est beaucoup plus inhabituel car en général ce qui nous intéresse, ce qui nous préoccupe ce sont les objets pas tellement la qualité de la conscience. Pourquoi favoriser cet aspect-là ? C’est parce que il y a une compréhension de soi plus profonde, dès le début de la méditation, lorsqu’il y a cette qualité de présence à soi et non pas d’intérêt porté à ce quelque chose, il y a là, déjà immédiatement, une profonde connaissance de soi-même, pas une connaissance psychologique, mais une connaissance intuitiveau niveau de ce que nous sommes. Il me semble que chaque instant de méditation juste ouvre une perspective complètement nouvelle, puisque cela ouvre à cette dimension de l’être. Alors que dans l’autre approche, il s’agit de développer la concentration, qui est quelque chose qui demande beaucoup de détermination, et ensuite de passer à une autre phase. La première attitude est le développement de la concentration, la secondes est ce que l’on appelle présence, ce que les anglo-saxons appellent  mindfullness, ce que en Pali on appelle sati. Il est important de bien les définir, car ces termes-là sont employés de manières très différentes. Les termes pour décrire la seconde approche sont délicats car c’est une attitude qui n’est pas habituelle, qui n’est pas de l’ordre de l’utilitaire. Quand il s’est agi dans les sutra plus  anciens de trouver un terme adéquat, le bouddha  et les moines ont aussi dû chercher dans les termes courants quelque chose qu’on pourrait utiliser pour essayer de décrire cette attitude, et c’est le terme sati qui a été choisi, qui veut dire du point de vue du sens du mot : se souvenir. Cependant il ne s’agit pas de se souvenir de quelque chose, le souvenir porte sur quelque chose qui est passé, là c’est dans l’expérience présente. Ce terme de sati est utilisépour exprimer cette attitude de présence à soi dans chaque expérience. Ce terme qui semble parler de mémoire, on peut le comprendre de diverse manières. Tout d’abord pour se souvenir de quelque chose, il faut être présent au moment des faits, c’est ce qui permettrait de se souvenir, si je suis distrait à un certain moment, je ne vais pas pouvoir me rappeler ce qui s’est passé. Si je dois aller faire des courses et que l’on me donne la liste oralement, si je ne suis distrait, je ne vais pas pouvoir m’en rappeler. Pour m’en rappeler il faut que je sois présent. Et dans l’attitude c’est différent, non pas porter l’attention, porter l’attention sur la respiration, sur les sensations corporelles. Parce que l’attention, c’est une tension vers quelque chose, qui est celle que l’on a lorsque l’on est intéressé par les objets extérieurs. L’attention n’est pas une ouverture à la conscience de soi. Si je suis attentif aux légumes que j’épluche pour le repas de midi, je suis attentif au couteau, aux légumes, cela ne veut pas du tout dire qu’il y a une présence à soi. On peut même être extrêmement concentré sur, attentif à la position du couteau. Le terme attention a un petit problème,  puisque c’est une tension vers, il porte sur autre chose que sur la présence à soi.

       J’ai trouvé il y a quelque temps cette citation de Saint Augustin qui m’a semblée extrêmement éclairante, où plutôt que conscience il utilise le terme mémoire, il dit : « On peut appeler mémoire la faculté de l’âme d’être présente à elle-même » Il utilise le terme mémoire pour cette présence à soi-même. Il a choisi la même solution qu’on choisit les textes Pali. Non pas une mémoire qui porterait sur quelque chose du passé, mais cette capacité, cette qualité qu’a la conscience d’être présente à elle-même dans une expérience. D’où l’importance dans chaque instant de notre méditation de ne pas croire que l’enjeu, ou l’intérêt est dans le quelque chose qui surgit. Ce qui veut dire que, qu’il y ait de la somnolence ou de l’agitation, qu’il y ait l’audition d’un son ou l’expérience d’une sensation corporelle, ceci n’est pas l’enjeu, on ne va pas essayer de favoriser une sphère ‘expérience par rapport à une autre. Ce qui va nous intéresser, c’est cette qualité de présence à soi dans chaque expérience. Ce qui veut dire qu’il n’y na jamais d’impossibilité, à nouveau il est important de se le rappeler, car quelque fois il y a de la somnolence, ma méditation est difficile en ce moment parce qu’il y a de la somnolence, il faudrait d’abord qu’elle disparaisse, que je trouve le moyen de la faire disparaître pour que je puisse commencer à méditer, ou il y a de l’agitation, car en ce moment je suis préoccupé, il faudrait que cette agitation cesse pour que je puisse commencer à méditer, et après il y a la tristesse, un petit peu d’aversion. En général on attend quelques siècles avant de commencer à méditer. C’est rater l’enjeu, puisque l’enjeu c’est exactement lorsque l’on va pouvoir être disposé de manière juste dans la somnolence, dans l’agitation, dans la tristesse, dans l’irritation, dans l’impatience, dans la joie ou dans le calme, c’est lorsque l’on sera disposé de manière juste que l’on va comprendre la nature du calme, de l’agitation, de la tristesse et c’est cela qui nous intéresse. Ce n’est pas un état d’esprit qui serait vide de tout ceci, où l’on découvrirait la nature de l’esprit tranquille… Fantastique et dans la vie quotidienne, à quoi cela nous sert-il ? Mais c’est bien parce que l’on va comprendre la nature de l’agitation, du calme, de l’angoisse, de l’impatience que l’on va pouvoir s’en libérer. Et l’on ne peut découvrir la nature de ceux-ci que lorsqu’ils surgissent. Chaque fois que surgit quelque chose que l’on pourrait imaginer être une difficulté, c’est une opportunité pour nous de découvrir quelque chose dont on pourrait se libérer, non pas parce que l’on va l’éliminer, le détruire, mais parce que l’on va trouver la bonne disposition, le bon positionnement. J’ai l’impression que c’est toujours ce qu’il s’agit de trouver : le bon positionnement  dans une expérience. Ce terme que je décris par présence, pour sati,  il a différentes qualités, mais en lui-même cette qualité de l’esprit méditant à des qualités extrêmement précises pour que l’on puisse parler de présence, de mindfullness, de sati. Il ne s’agit pas de quelque chose de vague, d’une vague présence. Il a des caractéristiques particulières, c’est cette présence à soi dans chaque expérience, qui n’est pas la négation de l’expérience, mais présence à soi dans ce contexte-là. Il a la caractéristique d’être non superficiel, c’est-à-dire qu’il ne s’arrête pas à la surface de l’expérience mais qui la touche en profondeur. Pour donner un exemple, si je fais l’expérience d’une sensation corporelle et que je reste au niveau de l’image du corps, de l’image de la sensation, du concept de la sensation, je ne la touche pas en profondeur, je reste à la surface, cette surface qui est ici représentée par l’image ou le concept, à ce moment-là je ne suis pas dans la profondeur de l’expérience. Si on lance un bouchon sur un étang, il reste à la surface, cela c’est la méditation superficielle, si on lance une petite pierre elle pénètre dans l’eau. Cette attitude de présence méditative,  a cette caractéristique d’être en contact profond avec l’expérience, pas juste l’image ou le concept de l’expérience. La seconde qualité, c’est qu’elle n’est jamais partielle, jamais fragmentaire, la présence, sati, est toujours totale. Il y a une totalité de soi-même dans l’expérience. On n’observe pas l’expérience à distance, ce qui donne cette dimension de plénitude dans l’expérience de la présence méditative. Il y a toujours cette dimension de plénitude, cela est une indication importante, parce que si, on imagine une expérience, à priori désagréable, la tristesse, la somnolence ou l’agitation, et qu’il y a cette qualité de présence, de manière non fragmentaire, dans la plénitude d’être avec cette expérience, la plénitude est toujours plus marquante que l’aspect difficile de l’expérience. Une manière d’éprouver la plénitude, c’est-à-dire une satisfaction profonde, même dans les expériences qui se présenteraient comme difficiles, non pas parce que l’on change l’expérience, mais parce que l’on est total avec/dans cette expérience. La conscience est totale, complète. Il y a constamment cet aspect de non-fragmentation, de totalité.  Ce n’est pas un peu là et un peu ailleurs, ou un peu dans l’observation et un peu dans l’expérience qui est la totalité de la conscience dans l’expérience. Une troisième caractéristique est l’absence de distraction. Ici on ne parle pas de concentration, concentration veut dire que l’on s’attache à un aspect de l’expérience. Dans la présence méditative il n’y a jamais de distraction. La distraction serait être confus par rapport à l’expérience. Et cette absence de distraction donne conscience de ne pas être interrompu, il n’y a pas d’interruption. Si là on parle ce continuité, on va ramener la notion de temporalité, elle n’est pas présente dans cette expérience. Il n’y a pas d’interruption, le fait de ne pas être distrait, d’être en contact avec chaque expérience à chaque instant. Cela c’est une caractéristique de la présence méditative. Une quatrième caractéristique est son impartialité, cela veut dire que peu lui importe l’objet ou le quelque chose. Elle est toujours dans la même disponibilité. Dans cette expérience-là il n’y a rien d’autre, puisque la conscience est totalement là, donc comment quelque chose d’autre pourrait lui importer ? Il n’y a rien d’autre qui existe à ce moment-là. S’il y a une expérience de somnolence, d’agitation ou de tristesse, à ce moment-là, la non-tristesse n’existe pas, elle ne veut rien dire, il y a simplement cette expérience-là de la conscience. Elle est donc impartiale par essence, puisqu’il n’y a rien d’autre, pas de temporalité, pas d’instant suivant où la non-tristesse pourrait surgir. Ce serait partir dans une élaboration de concepts, d’images qui ne sont pas là dans cet instant d’intimité méditative.

       Ce terme de présence méditative, mindfullness ou sati,  a une richesse extraordinaire. On ne le développe pas ici en passant par autre chose, qui serait la concentration à nouveau, qui est un moyen,  mais on plonge à l’eau sans préparation. On est immédiatement confronté à toute la richesse de l’expérience, et on a à chaque instant la possibilité d’être dans l’attitude juste.  Ce qui ne veut pas dire que cela ne demande pas de la pratique, car on va souvent venir avec sa boîte à outils, à vouloir interférer jusqu’à ce que l’on se fatigue. Puis finalement, on essaie de rendre simplement disponible. Toute expérience est propice à la méditation, toute expérience qui surgit, pour autant qu’elle soit présente. Une expérience du passé ou du futur, qui n’est présente n’est pas le lieu de la méditation, mais tout ce qui surgit dans l’instant, chaque quelque chose qui surgit est un prétexte pour cette présence à soi. Donc que ce soit les perceptions sensorielles, la dimension affective : l’agréable, le désagréable ou neutre d’une expérience, les pensées, les émotions, les états mentaux, tels que l’agitation ou la somnolence ; chaque expérience est une opportunité  de développer ou d’être dans l’attitude juste. Il n’y a pas d’expérience meilleure qu’une autre. ??? exprime ceci de manière extrêmement parlante : « Le chemin n’est pas difficile pour ceux qui n’ont pas de préférences ». Cela résume bien l’attitude méditative, c’est extrêmement clairement indiqué par ceci. Cette notion de ne pas avoir de préférences on peut se poser la question en méditation, c’est ce qui permet de différencier la résignation de cette attitude d’ouverture. Je pourrais être dans une expérience de tristesse, qui a une apparence désagréable, avoir cette qualité d’ouverture, et à ce moment-là si je me demande : « Est-ce que je n’aimerais pas mieux une autre expérience ? ».  Je me dirais non cela n’a aucune importance, là je pourrais dire que je n’ai pas de préférences. Si maintenant je sais que c’est de l’ordre de la résignation, alors tant pis je reste avec cette tristesse, cette fatigue, avec cette somnolence, mais est-ce que je ne préférerais pas autre chose ? Immédiatement je vais dire, oui j’échangerais bien cela contre un peu plus de calme, de tranquillité ou de clarté.  Donc on a ce critère d’évaluation, et lorsque sincèrement je peux dire non je n’ai pas de préférences, on se rend compte que l’on est dans une qualité précise, que l’on sent bien d’ailleurs.

       Je voulais marquer cette importance dans l’attitude méditative qui est non pas l’intérêt porté à des expériences ou des sensations particulières, mais surtout à cette qualité de présence à soi dans chaque expérience, et qui vient, non pas d’un effort, ni d’un rejet particulier, mais d’une disponibilité totale dans l’expérience. Et c’est quand je m’ouvre totalement  à cette expérience de la somnolence, de la fatigue, ou du calme et de la tranquillité, que je peux avoir cette qualité, non pas, à nouveau parce que je vais rejeter un aspect.

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Charles Genoud – Retraite d ‘été au mois d’août 2012

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Charles Genoud - Enseignements1aCharles Genoud - Enseignements1b

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Atisha Dipamkara

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Fils,
La nature originellement pure de l’esprit.
Est empreinte d’une irrésistible
compassion pour tous les êtres.
Cette compassion jaillit elle-même de la vacuité.
Et c’est à la vacuité qu’à nouveau elle retourne.
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Fils,
Toute chose du samsara comme du nirvana
provient de l’esprit-en-soi.
Dans lequel personne n’a jamais vu la
moindre cause ou condition.
A l’examen, l’esprit se révèle
semblable à l’arc-en-ciel dans l’espace.
Sache que vacuité et compassion sont
comme le ciel et l’arc-en-ciel.
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Fils,
Vois tout comme le mouvement des vagues
Qui se meuvent au-dessus du profond océan :
C’est de l’océan même qu’elles surgissent,
Et c’est encore dans l’océan qu’elles se dissolvent.
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Personne n’a jamais perçu la moindre démarcation
Entre les vagues qui s’agitent et l’océan profond.
Ainsi de la compassion qui s’élève de la vacuité
Spontanément, pour les êtres plongés dans l’illusion.
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C’est de la vacuité qu’elle jaillit
Et à la vacuité qu’elle retourne.
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Atisha Dipamkara
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AtishaFAtisha
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Padmasambhava

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La vie passe aussi vite que les nuages d’automne ;
Parents et amis sont comme les badauds d’un marché ;
Le démon de la mort rôde,
furtif,
comme les ombres du crépuscule.
L’au-delà est pour nous
comme un poisson transparent en eau trouble ;
Le monde,
comme le rêve de la nuit passée ;
Les plaisirs des sens,
comme une fête illusoire ;
Et les activités ordinaires aussi futiles
Que les ondes se succédant à la surface de l’eau.
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Padmasambhava – Chemins spirituels, Matthieu Ricard
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Padmasambhava – Chemins spirituels, Matthieu Ricard1
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Padmasambhava

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Comme le torrent qui court vers la mer.
Comme le soleil et la lune qui glissent
vers les monts du couchant.
Comme les jours et les nuits,
les heures,
les instants qui s’enfuient.
La vie humaine s’écoule inexorablement.
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Padmasambhava – L’esprit du Tibet, Matthieu Ricard
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Padmasambhava – L’esprit du Tibet, Matthieu Ricard1
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Yongey Mingyour Rinpotché

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Peu à peu,
je commençais à reconnaître la fragilité
et le caractère éphémère des pensées et des émotions
qui m’avaient perturbé pendant des années,
et je comprenais comment,
en me focalisant sur de petits ennuis,
je les avais transformés en énormes problèmes.
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Du seul fait de rester assis à observer  à quelle vitesse et,
sous bien des aspects,
avec quel illogisme mes pensées
et mes émotions allaient et venaient,
 je commençai à voir directement
qu’elles n’étaient pas aussi solides et réelles
qu’elles en avaient l’air.
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Puis, une fois que j’eus commencé à lâcher prise
sur ma croyance à l’histoire
qu’elles avaient l’air de me raconter,
 je perçus
peu à peu « l’auteur »
qui se cachait derrière :
la conscience infiniment vaste,
infiniment ouverte,
qui est la nature même de l’esprit.
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Toute tentative de décrire par des mots
l’expérience directe de la nature de l’esprit
est vouée à l’échec.
Tout ce que l’on peut dire est
qu’il s’agit d’une expérience infiniment paisible et,
une fois stabilisée par une pratique répétée,
quasiment inébranlable.
C’est une expérience de bien-être absolu
qui imprègne tous les états physiques et mentaux,
même ceux qui sont normalement considérés comme déplaisant.
Ce sentiment de bien-être indépendant
de la fluctuation des sensations venues de
l’intérieur ou de l’extérieur,
et l’une des manières les plus claires de comprendre
ce que le bouddhisme entend par « bonheur ».
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Yongey Mingyour Rinpotché
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Jacques Salomé – Ne pas confondre lâcher-prise et indifférence

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    La recherche du détachement, l’accès au lâcher-prise font partie des aspirations de la plupart de ceux qui ont entrepris une démarche spirituelle ou de changement personnel. Il en constitue le pivot autour duquel s’articule tout travail d’éveil et de connaissance de soi. Lâcher-prise pour que puisse se développer un espace intérieur disponible à l’accueil des expériences nouvelles. Pour que se creuse cette faim de nourriture spirituelle, cet appel à l’accomplissement de soi.
     Lâcher-prise pour pouvoir renoncer au contrôle, à la maîtrise, à l’illusion tenace de la toute-puissance infantile, pour entrer dans l’humilité. Lâcher-prise pour ne pas se laisser envahir par des désirs parasitaires, pour ne pas donner prise à des tentations. Un bon antidote pour ne pas entretenir du réactionnel face aux frustrations et aux déceptions inévitables de la vie quotidienne.
    Lâcher-prise non seulement pour résister aux sirènes et aux pièges de la facilité, de l’uniformisation qui nous sont proposés par une société hyper informatisée, mais aussi pour faciliter un recentrage des valeurs personnelles de chacun, pour aller en quête du meilleur de soi.
    Toute recherche personnelle entraîne un déplacement des priorités. Ce qui pouvait apparaître comme une nécessité vitale devient secondaire, dérisoire. « Je sortais plusieurs soirs par semaine, j’avais besoin de m’immerger avec des amis dans le bruit, la musique, les discussions sans fin, et puis tout cela m’a paru vain, soudain sans valeur, inutile. » « J’attachais beaucoup d’importance à mon standing, puis j’ai découvert une autre façon de me relier aux biens matériels. J’ai fait le vide dans mon appartement. Je vis aujourd’hui au ras du sol tapis, coussins, meubles bas , avec une vigilance très grande concernant la
qualité des objets qui m’entourent. Je suis devenu plus exigeant dans mes fréquentations, plus fidèle à moi-même dans mes
engagements. »
    Cependant, le lâcher-prise ne suppose pas forcément austérité et ascétisme. Il ne passe pas nécessairement par l’isolement, le repli sur soi, ou par l’indifférence. C’est avant tout une démarche intime qui se joue au plus profond d’un choix de vie, vers des priorités ressenties comme plus essentielles. C’est surtout une
forme de monachisme invisible que chacun peut vivre là où il se trouve, là où il en est. Parfois, rien ne change dans les apparences, mais les mêmes gestes sont exécutés dans un autre état d’esprit, avec une présence qualitativement différente.
    Le lâcher-prise, contrairement à ce qui pourrait être perçu de l’extérieur, ne débouche pas sur de l’indifférence. Celui qui le vit connaît un rassemblement de ses forces intérieures qui, loin de correspondre à du désintérêt, ressemble plutôt à une ferveur particulière qui aiguise les sens, fluidifie les échanges et donne accès à l’essence des êtres, des événements et des choses.
    « Je découvrais des levers de soleil, je pouvais prendre le temps de m’attarder à regarder des bourgeons sur un petit arbuste de mon jardin et de m’attendrir sur le miracle des saisons. Je me sentais aussi plus attentif à la présence, aux regards, aux paroles d’autrui. »
    « Mon amie m’a fait remarquer qu’autrefois, dans un lieu public, je ne posais pas mon regard sur elle plus de cinq secondes. Il papillonnait, se posant sur chaque personne qui se déplaçait autour de nous. Aujourd’hui, me dit-elle, j’ai vraiment l’impression d’être vue par toi, que tu es là en entier auprès de moi. »
    Ce qui fait parfois confondre le lâcher-prise et l’indifférence et laisser croire au désintérêt d’une personne pour une autre jusqu’alors proche, c’est le recul pris par rapport à des événements, à des situations ou à des attitudes qui, auparavant, déclenchaient agitation, verbiage, émotion ou réaction disproportionnées.
    Dans le lâcher-prise, les ressources personnelles s’investissant différemment, elles se recentrent sur la personne sans hémorragie énergétique ou déperdition de l’attention et des moyens.
C’est un pas de côté vis-à-vis d’un certain nombre de leurres, d’illusions ou d’errances possibles. Un engagement vers ce qui nourrit la recherche du sens, vers plus de qualité que de quantité.
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Jacques Salomé
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Ajahn Sumedho – S’ouvrir à ce qui est

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……On a tendance à croire généralement que la vie spirituelle consiste à suivre une certaine pratique, un rituel ou des exercices spirituels. Nous partons de l’idée que suivre ce chemin particulier nous transformera d’une certaine manière en une personne élevée spirituellement et dotée de qualités exceptionnelles.
…...Pourtant, souvent, ce n’est qu’un autre aspect de l’ego qui garde encore le contrôle et se donne juste une noble «habitude spirituelle».
……Cela peut nous prendre un certain temps avant que nous nous rendions compte que le seul vrai moyen d’éviter ce piège de l’ego consiste simplement à nous ouvrir à ce qui est. C’est de cette manière que nous pouvons contourner l’intervention de l’ego et ne plus le renforcer.
……Mais il nous faut être vigilants : s’ouvrir à ce qui est ne veut pas dire accepter ce qui est avec un condescendant «Oui, c’est très bien». C’est plutôt être réceptif à la situation par-delà tout jugement.
……Accepter implique que nous sommes d’accord ou que nous tenons entièrement pour vrai ce qui se passe. Alors qu’être réceptif à la situation, ce n’est ni accepter ni refuser quoi que ce
soit. Cela consiste plutôt à dire «Cela m’apparaît ainsi en ce moment mais regardons-le de plus près». Ainsi, accepter est une manière d’être condescendant, alors qu’être réceptif consiste à garder l’esprit ouvert pour voir ce qui se passe. Et ce que nous voyons est considérablement différent des apparences.
……La plupart d’entre nous réagissent aux apparences négatives avec un réflexe de négativité : «Je n’ai pas envie de m’ouvrir à cette confusion. Je ne peux être réceptif à cette douleur».     Cependant, si nous pouvons nous ouvrir juste un petit peu à la confusion de notre esprit, nous trouvons que ce n’est pas si confus que ça, parce que le moi ne s’identifie plus avec ma confusion, mais que ce n’est qu’une simple observation du processus impersonnel de la confusion ! En étant juste un peu plus réceptif (plutôt que réactif) à la douleur, nous nous apercevons que ce n’est pas si douloureux que cela, parce qu’alors nous nous installons tranquillement dans la réalité de la douleur plutôt que d’y résister (avec douleur !).
……Quand nous devenons capables de nous ouvrir clairement et honnêtement à ce qui est, ce que nous voyons est la cause ou l’origine de ce qui est. Nous voyons certaines choses qui ont des causes ordinaires mais d’autres qui ont leur origine dans notre propre façon d’interférer.  Ainsi nous apprenons ce que nous pouvons faire par rapport à ce qui est, c’est-à-dire être patient avec les circonstances et laisser tomber notre façon de nous interposer.
……En théorie cela sonne bien, mais comment faire dans la pratique ? C’est maintenant que nous en arrivons aux exercices spirituels. Il y a certaines qualités qui sont d’une grande utilité
pour nous aider dans cette voie. Par exemple, il est utile d’avoir confiance dans cette façon de pratiquer, d’avoir une certaine stabilité de caractère qui se développe grâce à une certaine moralité de vie, et d’avoir un certain calme qui se développe à travers l’exercice de la méditation. Mais toutes ces choses spirituelles ne doivent pas être des fins en elles-mêmes.  Ce sont plutôt des qualités destinées à nous soutenir et à nous aider, afin de pouvoir nous ouvrir à ce qui est !
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Ajahn Sumedho – S’ouvrir à ce qui est
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    Ajahn Sumedho est un moine de la tradition du Bouddhisme Theravada, enseignant et guide spirituel de laïcs et de moines et nonnes Bouddhistes. Ce texte est tiré d’un moment d’enseignement.
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Sources 

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Jiddu Krishnamurti – Mourir chaque jour

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    Il faut que vous mouriez chaque jour, naturellement, comme meurt une fleur, il faut resplendir dans la plénitude et la richesse de sa floraison, puis mourir à cette beauté, à cette richesse, à cet amour, à cette expérience, à ce savoir. C’est en mourant à cela quotidiennement que vous renaissez, et que votre esprit retrouve sa fraîcheur.

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    La fraîcheur d’esprit est indispensable ; sinon vous ignorez ce qu’est l’amour. Si vous ne mourez pas, votre amour n’est qu’un souvenir ; votre amour est alors englué dans l’envie, dans la jalousie. Vous devez mourir chaque jour, à tout ce que vous connaissez, à votre haine, aux affronts reçus comme aux flatteries. Il faut y mourir ; alors vous verrez que le temps n’a pas de sens. Alors, demain n’existe plus ; seul existe le maintenant, qui est au-delà d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Et c’est dans ce seul maintenant qu’est l’amour.

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    Un être humain dépourvu d’amour ne peut pas approcher la vérité. Et vous ne pouvez pas aimer si vous ne mourez chaque jour à votre mémoire ; c’est quelque chose de vivant. Une chose vivante, c’est un mouvement, et ce mouvement ne peut pas être mis en cage, emprisonné dans les mots ou la pensée, ou captif d’un esprit uniquement préoccupé de quête égocentrique. Seul l’esprit qui a appréhendé le temps, mis fin à la souffrance, et qui est sans peur – seul cet esprit-là sait ce qu’est la mort. Et donc, pour un esprit de cette trempe, la vie est.

Jiddu Krishnamurti

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Chandrakirti – Madhyamakalankara, Entreé sur la Voie médiane

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En premier lieu,
nous concevons le « moi »,
et nous nous y attachons.
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Puis nous concevons le « mien »,
et nous nous attachons au monde matériel.
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Comme l’eau captive de la roue du moulin,
nous tournons en rond,
impuissants.
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Je rends hommage
à la compassion
qui embrasse tous les êtres.
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Chandrakirti – Madhyamakalankara,
Entreé sur la Voie médiane
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Saint Augustin – La recherche du bonheur

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Comment se fait-il donc que je cherche le bonheur?
Car je ne le tiens pas tant que je ne puis pas dire : 
assez; il est là.
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Comment se fait-il que je le cherche?
Est-ce mû par le souvenir,
comme si je l’avais oublié,
tout en sachant encore que je l’ai oublié?
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Est-ce le désir de connaître un étant inconnu,
dont je n’aurais Jamais eu le sentiment
ou que j’aurais oublié tout à fait,
au point de n’avoir pas conscience de mon oubli?
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Le bonheur,
n’est-ce pas ce à quoi tous aspirent
 et que personne ne dédaigne?
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Où donc l’ont-ils connu pour le vouloir ainsi?
Où l’ont-ils vu pour l’aimer?
Certainement il est en nous: comment?
Je ne sais.
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Il y a une façon d’être heureux
qui consiste dans la possession effective du bonheur.
Certain ne sont heureux qu’en espérance.
C’est une façon de l’être inférieure
à celle des hommes qui ne sont effectivement,
mais qui vaut mieux que la condition
de ceux qui sont heureux ni en fait ni en espérance.
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Cependant,
ceux-là,
s’ils étaient tout à fait étrangers au bonheur,
ne le voudraient pas ainsi,
et ils le veulent, c’est bien certain.
Je ne sais comment ils le connaissent,
 ni quelle connaissance ils en ont.
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Ce qui me tourmente,
c’est de savoir si cette connaissance est
dans la mémoire;
car si elle y est,
 c’est que nous avons été heureux autrefois.
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L’avons-nous été tous individuellement
ou dans cet homme qui,
le premier se rendit coupable du péché,
en qui nous sommes tous morts
et de qui nous sommes tous nés des être misérables?
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Je ne veux pas le Rechercher pour le moment;
ce que je cherche,
c’est si le bonheur réside dans la mémoire.
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Car nous ne l’aimerions pas
si nous ne le connaissions pas.
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Saint Augustin  – Confessions
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L’enfant intérieur

Je Suis

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Khalil Gibran – La mort

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      Alors Almitra parla, disant,

      Nous voudrions maintenant t’interroger sur la Mort.
      Et il dit :
      Vous voudriez connaître le secret de la mort. 
      Mais comment le trouverez vous si vous ne le cherchez pas au cœur de la vie ?
      Le hibou, aveugle au jour et dont la vue se limite à la nuit, ne peut vous dévoiler le mystère de la lumière.
      Si vous voulez vraiment apercevoir l’âme de la mort, ouvrez grand votre cœur au corps de la vie.
      Car la vie et la mort sont un, comme sont un le ruisseau et la mer.
      Votre connaissance silencieuse de l’au delà repose au plus profond de vos espoirs et de vos désirs;
      Et comme la graine qui rêve sous la neige, votre cœur rêve de printemps.
      Ayez foi en vos rêves, car c’est en eux que se cache la porte de l’éternité.
      Votre crainte révérencielle de la mort est pareille au tremblement du berger devant le roi qui va poser sa main sur lui pour l’honorer.
      Sous ce tremblement, le berger n’est-il pas heureux de ce qu’il va porter la marque du roi ?
       Mais n’en est il pas moins conscient de son tremblement ?
       Car qu’est ce que mourir sinon rester nu dans le vent et se fondre dans le soleil ?
      Et qu’est ce que cesser de respirer sinon libérer son souffle de ses marées agitées pour qu’il s’élève et se répande et cherche Dieu à son aise ?
      C’est seulement lorsque vous aurez bu à la rivière du silence que vous pourrez vraiment chanter.
      Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, alors vous pourrez commencer à grimper.
      Et quand la terre exigera vos membres, alors vous pourrez vraiment danser.
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Khalil Gibran – Le Prophète
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