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A contempler son propre esprit,
La source de tous les phénomènes,
L’on ne contemple rien,
Que la claire vacuité,
Rien de substantiel
Qui puise être pris pour réel.
Présence transparente,
Ouverture sans limites,
Sans dehors,
Ni dedans,
Embrassant tout
Sans frontières
Ni direction.
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Immensité infinie de la vue,
Véritable condition de l’esprit
Qui, à l’image de l’espace,
N’a ni centre,
Ni périphérie,
Ni référence.
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Laissant tel ce qui apparaît,
Serein,
Je suis parvenu
À la vaste plaine
De l’immensité absolue.
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Dissous dans l’infinie vacuité,
Sans limites,
Ni pourtour,
Les sons, les formes,
Mon esprit, le ciel, toutes choses
Ne font plus qu’un,
Au-delà même des concepts
De « un » ou de « multiple »,
Dans l’immensité absolue de la présence éveillée,
Toutes chose se ramènent à une saveur unique,
Tandis que, sur le plan relatif
Chaque phénomène se manifeste
En sa lumineuse vacuité
Merveille !
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ivresse de la béatitude
Issue de la clarté radieuse,
Vive, étincelante, immaculée
Je dans d’allégresse !
Jaillit, alors en moi, une compassion sans limites
Pour tous les êtres, sous tous les cieux,
Qui de cette réalisation sont privés ;
Et s’élève de lui-même l’impérieux désir
D’entonner ce chant !
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Sans passer par l’étroit défilé
De l’observation de l’esprit
Tour à tour calme et agité,
Sans se laisser prendre dans les filets
De la « vue » et de la « méditation »
Tissés par l’intellect,
Sans traverser les opaques nuées de l’hébétude
Ni être emporté par la tempête des pensées débridées,
Le grand Garuda qu’est mon esprit
A pris librement son essor
Dans l’espace de la dimension absolue.
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Les yeux grands ouverts, embrassant mille horizons,
En toute liberté vole mon esprit,
Quel bonheur !
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Dans l’étendue infinie de la dimension
Impartiale, pareille au ciel,
Les phénomènes, formes ou sons,
Du samsara, come di nirvana
Bien que manifestes sont vides,
Sans substance et pourtant perceptibles.
…
Les phénomènes apparaissent
Tout en étant vide d’existence propre,
Transcendent par là-même toute notion d’éternité
Bien que vides par nature, ils se manifestent,
Dépassant par là-même toute idée de néant.
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Aussi, la vastitude de cette vue
Est-elle libre de ces deux limites conceptuelles,
Spontanément jaillit alors cet hymne d’allégresse !
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Plus vaste encore que le ciel est la vue de la vacuité
Où se lèvent le soleil de l’amour et la lune de la compassion,
Sans trêve, je pris pour l’épanouissement
Des êtres sensibles et de l’enseignement du Mouni.
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Que cessent maladies, épidémies,
Famines et guerres !
Que tous connaissent joie et bonheur !
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Shabkar – Autobiographie d’un yogi tibétain
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